Texte et photos (sauf mention contraire) : Claude Rousset
Henri Salvayre nous ayant présenté une revue des ressources en eaux souterraines de l’Aveyron, il ne me semble pas inutile d’ajouter quelques précisions concernant le massif d’Aubrac qui porte le point culminant du département et recèle des aquifères variés, avec une dominante volcanique bien spécifique. Le caractère élevé de ce territoire le prédestinait au rôle de “château d’eau”. L’abondance des précipitations qu’il reçoit assure l’aspect quantitatif. Enfin, les roches volcaniques basaltiques sont connues pour la pureté et pour la qualité chimique des eaux qui y circulent. Le rôle capital que l’on a dévolu à l’Aubrac pour l’alimentation en eau potable du Nord de l’Aveyron n’a donc rien d’étonnant !
Pour la législation française, une eau est reconnue potable du point de vue chimique si elle peut être consommée de façon exclusive pendant toute une vie. Cela veut dire qu’elle doit apporter les éléments minéraux indispensables, en quantité conforme à nos besoins. Regardez l’étiquette des bouteilles d’eau du commerce et vérifiez qu’il s’agit bien d’une eau potable, avec un pH compris entre 6,5 et 9 et une minéralisation correcte. Vous trouverez facilement, dans la littérature ou sur Internet, les valeurs acceptables, notamment pour les ions chlorure et sulfate, pour les nitrates, d’origine souvent humaine (notamment agricole) et la charge totale en substances dissoutes.
Attention : une “eau de source” (qui peut provenir d’un forage…) est naturellement potable alors qu’une “eau minérale” a certes été reconnue “traitante” par l’Académie de Médecine, mais n’est pas forcément potable au sens de la Loi.
L’adjectif “naturelle” signifie que l’on n’a pas appliqué de traitement à l’eau embouteillée, sinon, parfois, pour corriger un défaut mineur, par exemple, un excès de fer. Ceci dit, boire de façon occasionnelle une eau trop riche n’engage pas votre santé – pour le pH, gare aux aigreurs d’estomac s’il est inférieur à 6,5 !
I – L’Aubrac aveyronnais
Voyons d’abord les types d’aquifères que l’on trouve dans la partie aveyronnaise de ce massif, par ordre d’importance croissante. En bordure sud, au nord du Lot, on rencontre quelques placages de calcaires jurassiques avec un médiocre développement d’un aquifère karstique : la source temporaire au nord de Saint Côme en est une manifestation. Ces eaux, ici peu abondantes, sont de bonne qualité chimique mais sujettes à la pollution.
Les alluvions et les colluvions sont des aquifères poreux au pouvoir filtrant intéressant. La composition de l’eau dépend du bassin versant : ici, leur minéralisation est correcte – mais on ne les trouve guère que dans la vallée du Lot.
Le socle granitique et métamorphique s’étend beaucoup plus largement, avec son aquifère fissural aux ressources souterraines limitées qui nourrissent de petites sources (Fig. 2). Leurs formations d’altération (arènes) se rapprochent des aquifères poreux. Grave défaut : les roches riches en silice dominent, avec des eaux faiblement minéralisées, de pH acide. Enfin, les roches basaltiques s’étalent dans la partie supérieure du relief et coiffent la plupart des croupes qui s’abaissent vers le Lot. Il s’agit d’un aquifère mixte, alliant, la plupart du temps, aux fissures une porosité favorable à une bonne filtration. Les nappes que contiennent les laves circulent sur des couches de tufs poreux qui participent à l’aquifère. Sur des niveaux riches en argile émergent des sources assez abondantes (Fig. 3). L’altérabilité des minéraux de ces roches assure une minéralisation modérée mais suffisante et un pH neutre…
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