2022

Couvreur Lauzier,
un métier d’avenir, un métier patrimonial, un métier passion

Texte : association Artisans Lauziers Couvreurs

Noue sur un toit de lauzes de schiste, Chantier Lerouxel couverture

Une lauze (ou lave en Bourgogne) est une pierre plate de calcaire, de schiste, de phonolithe, de gneiss dont la surface est très importante par rapport à l’épaisseur, obtenue par clivage manuel et utilisée principalement pour les toitures. Ce matériau hétérogène se caractérise par sa forme et son épaisseur irrégulières, et son mode particulier de pose nécessitant une adaptation spécifique de chacun des éléments à sa destination finale.

L’utilisation de ce matériau s’est développée à partir du XIVe siècle dans les zones où il était présent, relayant peu à peu l’usage du chaume moins pérenne et sensible aux incendies. Un travail manuel important, le clivage notamment pour la lauze de schiste par le carrier, et la taille pour la mise en forme pour la lauze calcaire par le couvreur caractérisent ces filières patrimoniales par rapport à des matériaux standardisés ou à des pierres d’épaisseurs plus importantes utilisées en dalles. Selon les régions, la couverture en lauze est pratiquée par des couvreurs ou des maçons couvreurs. Ce métier est ouvert aussi bien aux hommes qu’aux femmes.
Dans certains territoires ce savoir-faire a totalement disparu, causant localement l’extinction progressive de la filière (du carrier au couvreur), alors que la demande privée et publique est encore existante, notamment sur la rénovation et l’entretien de bâtiments classés.
Pour le couvreur, la clientèle principale est constituée de propriétaires occupants et de propriétaires de résidences secondaires, mais aussi de collectivités territoriales (communes, communautés de communes). Certains couvreurs ont une spécialité “Monuments Historiques”.

La filière lauze regroupe différents types de structures : les carrières, d’autres intervenants (distributeurs, importateurs et agriculteurs) qui peuvent également fournir du matériau, et enfin les lauziers couvreurs. Ces derniers interviennent aussi bien sur le bâti ancien, que sur du neuf. Concernant le bâti ancien ils sont en charge de la réfection des toits et de leur entretien courant. Ils sont plutôt jeunes et sont soucieux de la préservation du patrimoine. Ce sont avant tout des passionnés.
La profession connaît cependant des problèmes de main-d’œuvre en raison de la réputation de pénibilité du métier (qui tend toutefois à diminuer), d’une mauvaise image de marque des métiers manuels en général et de l’absence de formation qualifiante.
Aujourd’hui le Couvreur Lauzier dispose le plus souvent d’un CAP de couverture et a appris la pratique de la lauze « sur le tas », soit avec du personnel expérimenté, soit par l’observation de toitures réalisées avec ce matériau.
En France, aujourd’hui la présence de couvertures en lauzes est attestée dans 47 départements. La filière représente entre 424 et 463 entreprises et entre 1003 et 1159 emplois de lauziers.
Pour la lauze de schiste, le marché est de l’ordre de 4 millions d’euros répartis entre lauze extraite (1,2 M€) et lauze récupérée (2,8 M€).
Pour la lauze calcaire, le marché est de l’ordre de 3,5 millions, répartis entre lauze extraite (2,9 M€) et lauze récupérée (0,6 M€). Des lauzes de gneiss et de phonolite font également partie du marché.
Dans certaines régions la couverture en lauze est pratiquée par les maçons et dans certains cas ce savoir-faire a disparu (disparition progressive du savoir-faire et des professionnels, disparition de la demande).

LAUBAMAC et LAUBAPRO
L’association Atisans Lauziers Couvreurs (ALC) inscrit son action au sein d’une dynamique collective et inter-partenariale menée depuis plusieurs années autour de la filière pierre grâce aux programmes LAUBAMAC et LAUBAPRO.
Le programme LAUBAPRO a succédé en 2020 au programme LAUBAMAC (Lauziers et bâtisseurs en pierre sèche du Massif Central), créé en 2016 et qui avait pour objectif d’analyser, renforcer et structurer les filières lauze et pierre sèche sur le territoire. Un programme davantage axé sur l’économie et la création d’emplois.
Quinze actions sont portées dans les domaines suivants : approvisionnement et valorisation des ressources locales, recherche et développement, formation et qualification, développement du marché, communication et représentation.
Le réseau des partenaires s’est élargi et comporte 10 acteurs : l’IMT Mines Alès, le Parc national des Cévennes, le Parc naturel Régional des Grands Causses, le Parc naturel Régional des Causses du Quercy, le Parc naturel Régional de l’Aubrac, le Parc naturel Régional des Monts d’Ardèche, l’association des Artisans Bâtisseurs en Pierre Sèche (ABPS), l’association Gens des Pierres, la Communauté de Communes Comtal Lot et Truyère, et enfin l’association nationale des Artisans Lauziers Couvreurs.
Dans le cadre de LAUBAPRO, l’association nationale des Artisans Lauziers Couvreurs (ALC), avec l’appui de la Chambre de Métiers et de l’Artisanat Région Occitanie porte un fiche action autour de buts communs : la structuration de la filière en regroupant des artisans de toute la France ; le développement de la filière de couverture en lauzes naturelles ; la qualification du métier de Couvreur Lauzier.
Devenir Couvreur Lauzier, un métier d’avenir, un métier patrimonial, un métier passion
Les entreprises de couverture peinent actuellement à trouver de la main-d’œuvre qualifiée. Le marché de la lauze est souvent assuré par des structures dans lesquelles les ouvriers se forment « sur le tas ». Ces mêmes entreprises disposent souvent de carnets de commande pouvant aller au moins jusqu’à un an d’avance.
L’absence de règles, de normes et de formation au sein de la profession des couvreurs lauziers, a conduit certaines entreprises à réaliser des malfaçons par méconnaissance du métier, pénalisant par là-même l’ensemble de la filière et la crédibilité de ce système constructif.

Les CQP Couvreur Lauzier, un atout pour la profession
Conscient de la nécessité de sauvegarder le savoir-faire et d’organiser et développer la filière, un groupe de professionnels issu de diverses régions françaises s’est structuré autour d’ALC et de la Chambre de Métiers et de l’Artisanat Région Occitanie, délégation de la Lozère, afin de relever le défi de créer deux Certificats de Qualification Professionnelles (CQP) Couvreur Lauzier.
En effet, parmi les entreprises existantes de la filière lauzes, une demande importante a été recensée pour qualifier les salariés en leur apportant un complément de compétences qui n’est à ce jour pas enseigné dans le cursus de formation de CAP couvreur. Les CQP Couvreur Lauzier sont vus comme un complément à leur enseignement dans le sens où ils pallient l’absence de formation qualifiante existante relative à l’utilisation de lauzes naturelles.
Ce travail a également été mené dans l’objectif de servir de base à la rédaction des futures règles professionnelles de la profession. Il doit désormais aboutir à une reconnaissance de ce type de matériau et de ses spécificités de mise en œuvre par le système assurantiel (accès aux garanties décennales). 

Puits de lumière sur caselle – EURL Vincent Caussanel

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