Texte : Françoise Galés, Docteur en Histoire de l’art, Directrice des Archives et du Patrimoine, Millau.
- La situation géographique
Le lavoir est situé en bordure du boulevard de l’Ayrolle. Lors de sa construction au milieu du XVIIIe siècle, à partir de 1749, la ville ne dispose d’aucun lavoir de cette importance et sa construction est semble-t-il rendue nécessaire par la dureté et la froideur du Tarn, où jusque-là, les lavandières faisaient leur lessive.
Mais surtout, il participe à l’embellissement de la ville et à son ouverture vers l’extérieur. En effet, depuis la première moitié du siècle, celui des Lumières, la ville est marquée par l’aménagement de boulevards qui remplacement des anciennes fortifications, fossés et remparts d’origine médiévale. L’hôtel de Sambucy-de-Sorgue est alors déjà bâti avec ses jardins à la française et surtout son bassin. C’est l’une des premières constructions réalisées hors les murs, due au maître des eaux et forêts en Rouergue, Jacques Duschene (dans le dernier quart du XVIIe siècle). - Historique
La construction du lavoir débute en avril 1749, après l’arrêt du conseil du Roi daté de février de la même année. Il fut construit sur un terrain appartenant aux Carmes qui le vendent à la ville en 1747 1. Cet arrêt fait suite à divers échanges de courriers, devis et plans entre Monsieur de Courtielle, l’Intendant des finances du roi, Monsieur Lescalopier, l’Intendant de la Généralité d’Auch, le maire, M. Sarret et les consuls de Millau 2.
Les consuls et le maire de la ville se voient en effet confier en octobre 1748, suite à la proposition de l’intendant Lescalopier, la réalisation d’un lavoir destiné à embellir la ville et à lui procurer toutes les commodités 3.
À ces fins, « le sieur Raimond, Ingénieur ordinaire du Roi, fit un devis des ouvrages à faire pour la construction du lavoir ». L’intendant jugea que les fortifications et notamment les avancements des portes et les tours des remparts doivent être détruits et leurs matériaux employés à la construction du lavoir 4 et à d’autres constructions « jugées nécessaires pour la décoration de la ville »5. Il s’agit probablement de la réparation de l’hôtel de ville (alors hôtel de Tauriac) et des fontaines de la ville. L’arrêt du Conseil d’État de février 1749 stipule en outre que les portes et les tours étaient inutiles à la ville et nuisibles à ses abords et à son entrée 6.
En juin 1753, des corvées sont employées « pour le charroy de la pierre de la carrière de Graulés à employer au lavoir »7.