2e partie
Texte : Maximilien Guérin, docteur en sciences du langage ; photos: Cécilia Guérin
La question de l’orthographe
Comment écrire dans un parler du Croissant ? Cette question, tous les locuteurs souhaitant écrire leur parler, ainsi que tous les chercheurs travaillant dessus se la sont posée. Notons que, il y a plusieurs décennies, cette question ne se posait pas pour les locuteurs. En effet, presque tout le monde parlait la langue, mais l’écrit était l’apanage du français.
Aujourd’hui, avec la volonté grandissante de préserver un patrimoine en voie de disparition, la question est plus que jamais d’actualité. Malheureusement, il n’existe pas de solution simple et toute faite. N’oublions pas que les parlers du Croissant sont des parlers de transition, présentant des éléments que l’on retrouve en occitan d’un côté, et dans plusieurs langues d’oïl de l’autre.
En fait, de nombreuses solutions peuvent être proposées : graphie basée sur le français, graphie basée sur la norme classique de l’occitan, graphie basée sur la norme mistralienne de l’occitan, graphie basée sur l’écriture auvergnate unifiée de Pierre Bonnaud (notamment pour les parlers bourbonnais), graphie basée sur la norme du poitevin-saintongeais (notamment pour les parlers marchois), graphie autonome créée spécialement.
Toutes ont, selon le point de vue, leur raison d’être. Chacune a ses avantages et ses inconvénients. L’écriture auvergnate unifiée peut être utile pour les parlers bourbonnais, mais sera assez complexe à appliquer aux parlers marchois. La norme du poitevin-saintongeais présente le problème inverse.
La norme mistralienne de l’occitan, bien qu’étant défendue par le Félibrige, est aujourd’hui essentiellement utilisée pour l’occitan provençal. Par ailleurs, aucun auteur n’a proposé de graphie autonome pour son parler ou pour l’ensemble du Croissant.
Dans les faits, seules deux types de graphie sont aujourd’hui utilisés, à plus ou moins grande échelle : graphie basée sur le français (ou graphie francisante), graphie basée sur la norme classique de l’occitan (ou graphie occitanisante).
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